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Dahiratoul Moustarchidina Wal Moustarchidaty
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Serigne Cheikh

Focus sur le Responsable Moral

Serigne Cheikh
وَلَكِنْ جَعَلْنَاهُ نُوراً نَهْدِي بِهِ مَنْ نَشَاءُ مِنْ عِبَادِنَا

Existe-t-il un seul enseignant, un seul professeur, ou un seul leader religieux qui s'est donné autant que lui dans le domaine de l'enseignement et de la formation spirituelle de ses coreligionnaires ?

Au vu de son parcours curriculaire, il est difficile d'en trouver.

Serigne Moustapha Sy, puisque c'est de lui qu'il s'agit est quasiment inégalable dans le domaine de l'enseignement ; aussi bien en termes de quantité qu'en termes de qualité.

De 1978 à 2018, voilà 40 ans qu'il occupe de façon épisodique le devant de la scène par ses conférences publiques, ses orientations spirituelles, ses cours universitaires du Ramadan, ses positions énigmatiques, ses déclarations engagées sans oublier ses sorties retentissantes qui secouent les landerneaux politiques et socio-culturels.

Cela va sans dire, Serigne Moustapha n'est pas du genre à égrainer son chapelet à longueur de journée pour combattre les injustices. Par son action et son franc-parler, il s'exprime de façon manifeste sur tous les sujets relatifs à la vie de la nation et expose de façon limpide les arguments à la base de ses convictions.

 

UN HOMME UNE RESPONSABILITE

 

Est-ce une prédestination ou un effort personnel ?
La responsabilité de Serigne Moustapha Sy à diriger le mouvement Moustarchidina Wal Moustarchidaty mérite réflexion aussi bien sur les plans temporels que spirituels, car la particularité de ce mouvement manifeste une dimension fondamentalement spéciale.


Son aïeul Serigne Babacar est le premier à initier les dahiras qui sont aujourd’hui très répandus, mais le Dahiratoul Moustarchidina Wal Moustarchidaty se démarque complètement du lot en raison du leadership de son Chef et la dimension de ses activités.

 

Le Régime de Abdou Diouf avait décidé de dissoudre le mouvement, mais il en a souffert à ses dépens.

 

PARCOURS ÉDUCATIF

 

Serigne Moustapha Sy est né au début des années cinquante à Tivaouane, ville qui doit ses  lettres de noblesse à son aïeul Seydil Hadj Malick.
Fils de l'énigmatique Serigne Cheikh Al-Maktoum, et de Sokhna Safiétou Dème, Moustapha est descendant de trois érudits de dimension exceptionnelle : El Hadji Ahmadou Dème de Sokone, et El Hadji Abdoul Hamid Kane de Kaolack et Seydil Hadji Malick.

Comme dit l'adage, "Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années" mais la valeur des ancêtres n'est pas forcément héréditaire ; elle ne s'acquiert qu'avec l'appropriation des vertus qui en sont à la base.

Au vu de son cursus, l'on peut dire sans risque de se tromper que Serigne Moustapha est l'incarnation de toutes les vertus qui caractérisent ses ascendants. Ce n'est pas parce qu'il est "fils de..." qu'il est ce qu'il est mais plutôt parce qu'il a également a accepté de "mouiller le maillot".

 

UN HOMME, DES PARADOXES

 

Fils de Serigne Cheikh, Moustapha aurait pu être éduqué dans l'opulence et le confort, mais paradoxalement, il ne connu guère ce privilège... c'est à 26 ans (vingt six ans) qu'il eut la chance de s'entretenir réellement avec ce père biologique, de surcroît son idole. N'est-ce pas surprenant ?

L'autre paradoxe, vient de son frère Abdou Sy qui déclare que Serigne Moustapha n'a pas rencontré Serigne Cheikh de 2012, jusqu'à sa disparition en 2017.

Si d’aucuns trouvent cela curieux, d'autres l'interprèteraient comme l'application d’une règle spirituelle parfaitement maîtrisée. Un prophète, aurait-il besoin de la couverture d'un Père biologique pour accomplir sa mission ?

 

SOUS L'ÉGIDE DE SERIGNE BABACAR SY

 

Du berceau à l'âge de quatre à cinq ans, Serigne Moustapha baignait dans l'environnement spirituel de Serigne Babacar Sy. Des témoignages rapportent que celui-ci le faisait venir pour passer des nuits entières avec lui. Pour qui connaît la dimension spirituelle de ce premier Khalife de Maodo, il y a matière à réflexion.

 

SERIGNE PAPE MALICK SY COMME MAÎTRE

 

Serigne Moustapha n'a pas quitté le foyer de Tivaouane pour faire ses humanités. C'est ainsi qu'il eut dans l'environnement familial son oncle Serigne Pape Malick Sy comme maître d'école. Serigne Cheikh déclarait d’ailleurs à l’occasion d’une causerie du Mawlid qu'il, Serigne Pape Malick, est son seul et unique "Patron".

Serigne Mustapha eut, entre autres, comme maître Oustaz Ousseynou Diène de Tivaouane qui a beaucoup participé à sa formation.

 

SOKHNA ASTOU KANE COMME DIRECTRICE ACADÉMIQUE

 

A un certain moment, Serigne Cheikh avait pensé amener Moustapha et son Grand frère Mansour dans les pays arabes pour poursuivre leurs études, mais Sokhna Astou (la Grande Royale dirait-on) s'y est radicalement opposée, car trouvait-elle que le dara de Tivaouane était suffisamment outillé pour leur donner l'enseignement dont ils avaient besoin.

Des années plus tard, son oncle Serigne Abdoul Aziz Al-Ibn, en collaboration avec l’Ambassadeur  Serigne Moustapha Cissé firent des démarches pour envoyer Moustapha et Mansour vers les pays arabes mais cette fois-ci, c'est Serigne Cheikh lui-même qui s'y est opposé en leur disant qu'ils (Moustapha et Mansour) sont en réalité la "semence" du foyer.

 

SERIGNE CHEIKH COMME SEUL ET UNIQUE MAÎTRE SPIRITUEL

 

Homme de lettre confirmé, le niveau intellectuel de Moustapha peut en étonné plus d'un, surtout lorsque nous savons qu'il n'a fait aucun pays arabe pour suivre des études universitaires.
La réalité est que Moustapha n'avait pas besoin de se mettre entre quatre murs pour faire des études supérieures. Il avait tout ce dont il avait besoin à travers les conférences de Serigne Cheikh. Ainsi, prenait-il le soin de les enregistrer, les étudier et les apprendre au point qu'il en arrivait à réciter par cœur des pans entier de son discours. Il avait juste besoin de se retirer au minaret de la mosquée de Serigne Babacar Sy pour avoir le calme dont il avait besoin.

 

DES ASSOCIATIONS CULTURELLES AU DAHIRATOUL MOUSTARCHIDINE

 

Homme d'ambition et de conviction, Serigne Moustapha trouvait que l'héritage de Serigne Babacar Sy n'était pas suffisamment vivifié ; il lui fallait alors apporter sa pierre à l'édifice. C'est ainsi qu'il évoluait dans les associations éducatives pour développer des activités culturelles et véhiculer des enseignements à travers des prestations populaires.

 

En 1979, à l'occasion de la conférence de Keur Dieumb, Serigne Moustapha reçu comme "une lettre de mission" à travers le discours de Serigne Cheikh qui déclarait que la jeunesse avait besoin de dix années de rattrapage après avoir passé dix années de révolte et de protestations (1968 - 1978).
Alors, le Dahiratoul Moustarchidina Wal Moustarchidaty se mit à pied d'oeuvre.

 

LEADER CHARISMATIQUE DU DAHIRATOUL MOUSTARCHIDINA WAL MOUSTARCHIDATY

 

Que serait devenu ces milliers de jeunes, s'ils n'avaient Serigne Moustapha Sy comme Responsable Moral ? Ils sont aujourd’hui Imam, Erudits, chefs d’entreprises, fonctionnaires… dans tous les domaines ils se caractérisent par leur discrétion et la qualité de leur travail.

Il existe certes des centaines voire des milliers de dahira au Sénégal, mais si le Dahiratoul Moustarchidine sort du lot, c'est certainement dû au travail de longue haleine, à l'érudition, au leadership et aux capacités de management de son Responsable Moral.

 

UN HOMME AUX NORMES ET US DE SON TEMPS

 

Serigne Moustapha ne s'est pas limité aux canevas traditionnels de prédication pour mener à bien sa mission. Il se devait d'être innovateur et rénovateur.
Fort de l'enseignement de Serigne Cheikh, il s'est d'abord préoccupé des réalités de son temps avant d'exposer les valeurs de la religion.
Ainsi pouvait-il échanger avec les jeunes de sa génération sur tous les sujets liés à la vie culturel et associative : musique, sport, philosophie, sciences... mais en intégrant de temps à autre les enseignements religieux en rapport avec ces sujets de discussion. C'est de cette manière qu'il arriva à convaincre de façon irréversible ses interlocuteurs des réalités essentielles de l'islam.

"Ce qu'il faut faire, ce n'est pas d'accabler les hommes de sermons, mais c'est de former des cœurs nouveaux que rien ne saurait détruire" disait Serigne Cheikh.

 

CONVAINCU ET CONVAINCANT

 

C'est une chose que de convaincre les jeunes de sa génération mais devant les patriarches et érudits des sciences, il faut des arguments plus que pointus.

 

"Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément".

 

A travers ses conférences et causeries, Moustapha ne laissait personne indifférent. Nul ne pouvait l'écouter sans être frappé d'admiration de par son jeune âge, sa vaste culture religieuse et sa façon de l'exposer. C'est ainsi qu'il arriva à convaincre de grands imams, des Mouqaddams et d'autres érudits de la religion qui n'hésitaient à envoyer leur progéniture dans les sections moustarchidine.
Son franc-parler pouvait certes importuner des franges conservatrices voire archaïques, mais nul ne doutait de son érudition.

 

GARE A CELUI QUI TOUCHE A SON GUIDE

 

Les notabilités religieuses qui pensaient pouvoir contrôler ses activités ont vite déchanté car, de par son expérience, ses convictions et son tempérament "explosif", Moustapha ne pouvait admettre un maître autre qu'Al-Maktoum. Il accordait son respect à tous ses aînés mais sur les principes fondamentaux de la spiritualité, il est d'une fermeté sans équivoque.

Il faut noter qu'il est à l'image de son maître, Serigne Cheikh, qui avait pratiquement le même comportement vis à vis de Serigne Babacar.

Tout repose sur le degré de fidélité d'un disciple vis à vis de son ascendant spirituel.

 

AL-MAKTOUM / AL-MOURCHID UN DUO DE CHOC !

 

Serigne Cheikh, n’a jamais été de ces marabouts qui comptent sur les dons pieux (Hadiya) de leurs disciples pour mener sa vie. Il comptait plutôt assurer son autonomie financière en gagnant sa vie à la sueur de son front. C'est ainsi qu'il devint Producteur agricole, Transporteur Logistique, Acteur Industriel, Opérateur minier, etc.
Cette vision d’autonomie ne faisait aucunement l’affaire de certains milieux qui ne pouvaient accepter qu'un homme Religieux de la dimension d'Al-Maktoum soit à la fois d'une popularité grandissime et d'une forte assise financière. Cela constituait à leur égard un véritable danger politique. C’est ainsi qu’elles cherchèrent à lui mettre des bâtons dans les roues.

Serigne Moustapha Sy en a parlé à l’occasion d’une conférence au Stade Amadou Barry en 1987 dont le thème était : LE MUSULMAN A LA CROISEE DES CHEMINS.

 

 

En plus des agressions financières contre Serigne Cheikh, les médias furent également instrumentalisés pour atteindre l’honneur et la dignité de celui qui constituait la référence de dizaines de milliers de citoyens.
Serigne Abdoul Aziz Al-Ibn et Serigne Pape Malick Sy avaient d’ailleurs profité d’une conférence à Guédiawaye en 1986 pour faire des déclarations particulièrement virulentes contre les auteurs de ces agressions.

 

DECLARATION DE SERIGNE ABDOU EN 1986 POUR DENONCER LES AGRESSIONS MEDIATIQUES CONTRE SERIGNE CHEIKH

 

 

DECLARATION DE SERIGNE PAPE MALICK SY EN 1986 POUR DENONCER LES AGRESSIONS MEDIATIQUES CONTRE SERIGNE CHEIKH

 

1986 et 1987 ont donc été des années particulièrement délicates au sujet des rapports entre Serigne Cheikh et le pouvoir. Et pourtant, aux élections de 1988, Serigne Cheikh a soutenu la réélection du Président sortant à travers le MSRA (Mouvement de Soutien pour la Réélection du Président Abdou Diouf); un état de grâce était ainsi accordé au régime sortant.

Cela est confirmé par la déclaration de Serigne Moustapha Sy lors de la ziarra tamkharite qui précédait ces élections.

Cf Ziara Tamkharit 1987

 

Il semblerait que les choses se sont détériorées après les élections de 1988, lorsque le président Abdou Diouf réélu décida de conserver son ministre des Finances Mamoudou Touré qui n’était pas vraiment clean dans le traitement du dossier de Serigne Cheikh. C’est ce qui transparaît dans les propos d’Al-Maktoum en 1997.

 

 

Serigne Cheikh décida alors de se retirer de la scène pendant quelques années. A son retour, il n’a pas eu l’occasion de rencontrer Abdou Diouf. Paraît-il que celui-ci n’avait pas vraiment le temps de le recevoir pour le premier rendez-vous qu’il lui avait accordé… Serigne Cheikh refusa un second rendez-vous qui semblait être d’intérêt électoral.

ELECTIONS DE 1993

Dans ces circonstances, à la veille des élections de 1993, un nouveau journal « La Marche du Continent » publia à sa Une, un article particulièrement outrageant avec comme titre « Les Magouilles de Cheikh Tidiane Sy ».

Serigne Mansour Sy Djamil nous raconte comment Serigne Moustapha Sy a appris cette nouvelle, et quelle a été sa réaction :

 

 

Les moustarchidines ainsi que tous les sympathisants de Serigne Cheikh s’attendaient à une réaction à la hauteur de l’affront compte tenu des déclarations de Serigne Abdou et de Serigne Pape malick à l’occasion de la conférence de 1986 citée plus haut.

Serigne Pape Malick Sy qui s’était installé depuis des années au Gabon ne pouvait pas réagir…

En fin de compte, la réaction tant attendue est venue du Responsable Moral, Serigne Moustapha Al-Mourchid. C’était en 1993, précisément le 13 février… il avait quarante ans…

Une déclaration qui avait secoué des pans entiers de la nation et qui n’épargnait guère ce président qui serait a la base de cette campagne de dénigrement. Le long silence de Serigne Cheikh jusqu’à quelques encablures des échéances électorales semblait être plus que troublant pour un chef politique qui voudrait se faire réélire...

 

A la veille des élections de 1993, Serigne Moustapha exprime son mot d’ordre tant attendu. C’est Abdoulaye Wade qui bénéficiera du suffrage des Moustarchidines.

Malheureusement, cette position de Serigne Moustapha Sy ne rencontrait guère l’agrément de son oncle Serigne Abdou Al-Ibn qui a appelé à un rassemblement à la mosquée de Serigne Babacar Sy pour faire une déclaration particulièrement incendiaire contre le fils d’Al-Maktoum. Cela fut le déclenchement d’une série d’épreuves que devait subir le Responsable Moral qui venait d’avoir ses quarante ans.

Ironie du Sort, même si les réalités ne sont pas les mêmes, on lui reprochait, entre autres, son jeune âge autant que les mecquois accusaient le prophète PSL de bousculer un certain patriarcat.


Rappelons que c’est à quarante ans que le prophète Mouhamed PSL, reçut la mission d’appeler sur le chemin d’Allah…
Pouvait-on reprocher à Serigne Moustapha son jeune âge alors que Serigne Babacar Sy fut Khalife Général à 37 ans voire sept ans plus tôt ?

Les élections de 1993 ont été particulièrement mouvementées avec l’Assassinat de Maître Babacar Seye et la démission du juge Kéba Mbaye.

Abdou Diouf fut déclaré victorieux après de multiples péripéties, mais ce fut la première fois que Dakar la capitale fut perdue par le régime en place.

 

ARRESTATION

 

L’engagement politique de Serigne Moustapha Sy avait un impact particulièrement bouleversant pour certains et en ébranlait plus d’un par endroit.

Le 23 octobre 1993, il exprimait sa vision selon laquelle le Sénégal était pris entre trois crises :

  • Crise de Compétence,
  • Crise de Confiance,
  • Et Crise d’autorité.

C’est cette déclaration qui fut à l’origine de son arrestation. Cela est confirmé par Monsieur Djibo Leïty Ka Ministre de l’intérieur de l’époque dans son ouvrage « Un Petit Berger au Service de la République et de la Démocratie ».

Son arrestation eut lieu le 30 octobre 1993 à cinq heures du matin. Quelques jours après, suite à une manifestation organisée pour dénoncer son arrestation et exiger sa libération, Serigne Pape Malick Sy, et les deux frères de Serigne Moustapha, Mame Babacar "Al-Maktoum" et Mame Maodo "AL-Maktoum furent à leur tour arrêtés avec plusieurs leaders de l’opposition. Ces derniers furent libérés quelques jours après.

 

SERIGNE MOUSTAPHA EN PRISON

 

Son jugement

 

Au vu des motifs de son arrestation, il devient évident que le Responsable Moral n’était rien d’autre qu’un otage d’opinion.
C’est ainsi que pour les péripéties de son jugement, il refusa catégoriquement de comparaître en faisant cette déclaration historique :

« Ils m’ont arrêté arbitrairement, ils n’ont qu’à me juger arbitrairement ».

 

Tout compte fait à l'issue de la procédure, il fut condamné "arbitrairement" à un an d’emprisonnement ferme.

 

Évènements du 16 février 1994

 

De la prison même, Serigne Moustapha apprit l’arrestation de Serigne Pape Malick Sy, de ses frères et de dizaines de Moustarchidine, suite aux évènements du 16 février 1994.

En effet, après un meeting organisé par les différentes mouvances de l’opposition dans le cadre de la CFD (Coordination de Forces Démocratiques), une marche improvisée occasionne la mort de six policiers qui, selon des témoins oculaires, ont été victimes de l’explosion de lacrymogènes dans leur propre véhicule. Toutefois, une certaine opinion véhiculait une rumeur persistante selon laquelle le mouvement moustarchidine serait exclusivement responsable de cette tragédie. C’est ainsi que plusieurs de ses membres furent arrêtés, en même temps que les leaders de l’opposition comme Maître Abdoulaye Wade et Landing Savané, en plus de Serigne Pape Malick Sy et plusieurs membres de la Famille de Serigne Cheikh.

Après de multiples péripéties, Serigne Pape Malick Sy ainsi que les autres leaders de l’opposition furent libérés quelques mois après, suite à une grève de la faim qu’ils faisaient pour exiger leur jugement. Ils furent finalement libérés le 5 juillet 1994.

 

Ultimatum de Serigne Moustapha Sy

 

Arrêtés pour les mêmes faits que les leaders libérés, la grande masse des écroués moustarchidine restaient encore en prison avec Serigne Moustapha qui ne pouvait accepter une telle injustice. C’est ainsi qu’il décréta de la prison même un ultimatum publié dans la presse de l’époque en déclarant :

« Si la justice devient une entrave aux droits élémentaires des citoyens, si elle ne peut plus protéger les honnêtes gens, alors c’est notre devoir de la défier par tous les moyens.
Vous m’avez condamné en m’accusant de troubler l’ordre public, VOUS SEREZ BIENTOT EDIFIES SUR UNE AUTRE DIMENSION DES TROUBLES DE L’ORDRE PUBLIC ».

Il a fallu l’intervention de Serigne Cheikh suite aux démarches de plusieurs bonnes volontés pour que Serigne Moustapha accorde un délai supplémentaire aux autorités de l’époque.

Finalement les moustarchidine furent jugés et libérés le 19 juillet 1994 par un non-lieu.


Serigne Moustapha déclarera plus tard que c’est une vision qu’il a eue de Serigne Babacar Sy qui l’autorisait à prononcer cet ultimatum. C’est pourquoi il ne s’en fut référé à Serigne Cheikh.

 

Libération de Serigne Moustapha

 

Le 12 septembre 1994, La libération de Serigne Moustapha fut prononcée par le motif d’une grâce présidentielle. Toutefois il refusa que quitter tant que Serigne Cheikh ne l’autorisait à sortir. Ce qui fut fait à 22 heures à travers Abdou Sy.

Il faut noter que si Moustapha s’est constitué prisonnier, c’est parce que Serigne Cheikh lui en avait donné l’autorisation par téléphone. C’est également sur son ordre qu’il décida de quitter la prison.

 

REAPPARITION DE SERIGNE CHEIKH

 

On n’a pas besoin de dire que c’était un moment très attendu, après tous les bouleversements qui entouraient la position de Serigne Moustapha Sy durant les dernières années. D’aucuns l’accusaient de ne pas agir sous l’autorisation de Serigne Cheikh, d’autres spéculaient sur l’état de santé même de ce dernier.

C’est ainsi qu’après de multiples blocages la sortie tant attendue du Cheikh est finalement programmée pour le 08 avril 1995. Ce fut le début d’une série de neuf conférences sur l’Unicité de Dieu… une aubaine pour tout le Sénégal.

Serigne Cheikh eut ainsi l’occasion de réhabiliter Serigne Moustapha des fausses accusations portées sur sa personne et de galvaniser les membres du mouvement en les encourageant à poursuivre leur évolution spirituelle.

 

ELECTIONS PRESIDENTIELLES DE 2000

 

Malgré les hauts et les bas qui caractérisaient les relations entre Serigne Cheikh et le régime en place, Serigne Moustapha semblait toujours vouloir en découdre avec Abdou Diouf. Proche de l’opposition, il ne semblait pas être en odeur de sainteté avec Abdoulaye Wade à qui il reprochait de négocier son entrée dans le Gouvernement de Diouf alors que des moustarchids restaient encore en prison.

Serigne Moustapha décida alors d’aller aux joutes électorales sous sa propre bannière du PUR (Parti de l’Unité et du Rassemblement). Mais c’est Serigne Cheikh qui l’invite à revoir sa position en lui demandant de jouer plutôt un rôle de Médiateur.

Serigne Moustapha accepte la volonté de Serigne Cheikh non sans l’inviter à son tour à demander à Abdou Diouf de quitter le pouvoir car les élections qui pointaient ne seraient pas en sa faveur.

 

 

C’est ainsi que Diouf perdit les élections malgré le "soutien" de Serigne Cheikh au second tour. Serigne Moustapha avait plutôt demandé aux moustarchids de voter selon leur conscience.

 

LE REGIME LIBERAL DE WADE

 

Abdoulaye Wade avait la particularité d’afficher son appartenance à la communauté des mourides ; et cela mettait mal à l’aise une bonne frange des populations qui voulaient éviter toute mauvaise interprétation des critiques portées sur son régime. Il était certes travailleur par endroit malgré les sempiternels délestages électriques, mais son sectarisme n’était un secret pour personne. Adoptait-il un tel comportement pour avoir le mouridisme comme bouclier ? Cherchait-il à se protéger des sorties des leaders des autres confréries ? En tout état de cause ce fut trop intelligent, pour ne pas dire « assez malin » de sa part.

Toutefois Serigne Moustapha ne manquait de formuler des critiques plus ou moins laconiques et de lui donner des conseils quant à son avenir politique.

En 2004, à l’occasion d’un cours des universités du Ramadan, il l’invite à ne pas postuler à un second mandat s’il veut réellement sortir par la grande porte à l’image de Nelson Mandela.

 

 

Abdoulaye n’a pas suivi ses conseils, il s’est fait certes réélire en 2007 avec la « Complicité » dissimulée de son ancien premier Ministre « Idrissa Seck » d'après le colonel Malick Cissé. Mais son second mandat a été particulièrement désastreux dont le sommet a été le jet de lacrymogènes dans la zawiya de Seydil Hadji Malick.

Probablement victimes des affres de l’âge, il aurait complètement oublié une promesse qu’il avait tenue au sujet du nombre de mandats, d’où son fameux « Wax Waxeet »...

Tout compte fait, il conviendrait d’assimiler la déclaration de Serigne Moustapha en 2004 à une véritable prophétie de la part de son Maître Serigne Cheikh, car non seulement Abdoulaye Wade a été complétement éclaboussé à son second mandat, mais sur le plan international, pas mal de chefs d’Etat ont subi pratiquement le même sort, voire pire.

  • Saddam Hussein fut tué par pendaison le 30 décembre 2006,
  • Exil du Présiden Ravalomanana en Mars 2009,
  • Coup d'Etat contre Mamadou Tandja en Février 2010,
  • Révolution tunisienne et départ du Président Ben Ali Janvier 2011,
  • Emprisonnement de Laurent Gbagbo depuis Avril 2011,
  • Assassinat de Kadhafi, le 20 octobre 2011,
  • Coup d’Etat contre ATT le 22 mars 2012,
  • Sans oublier la Révolution « Y’en a Marre » et le « Faux ! Pas Forcé » qui finissent par emporter notre Wade national en 2012.

Il faut noter qu’un soutient à Abdoulaye Wade avait été annoncé par les instances moustarchidine, mais cette position concertée entre le Responsable Moral et certains responsables du mouvement n’emballait guère une bonne partie des moustarchids qui ont largement contribué au départ de Wade et son régime après les échéances électorales.

REGIME DE MACKY SALL
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